Boeing accuse une perte trimestrielle historique suite au désastre du 737 Max

Des dizaines d'avions Boeing 737 MAX cloués au sol au Boeing Field de Seattle. 1er juillet 2019. REUTERS/Lindsey Wasson

Boeing est en pleine crise. L'avionneur vient d'annoncer ses résultats du deuxième trimestre 2019 avec une perte de près de trois milliards de dollars, la plus importante de ces dix dernières années. Suite aux deux catastrophes aériennes en Ethiopie et en Indonésie à 5 mois d'intervalle, l'immobilisation de ses 737 MAX à travers le monde lui coûte une charge évaluée à cinq milliards. Un nouveau retard dans son programme 777X lié à un problème de moteur noircit encore plus le tableau avec l'annonce d'un premier vol repoussé à 2020.

Lors d'une conférence téléphonique après la publication de ces résultats, le PDG Dennis Muilenburg a déclaré que le groupe pourrait envisager de nouvelles réductions de la production de 737, alors que la crise de Max se poursuit. L'action perdait 1,38%à 367,40 dollars vers 17h05, contre une perte de 0,51% pour l'indice Dow Jones. Boeing a annoncé la semaine dernière qu'il inscrirait une charge après impôts de 4,9 milliards de dollars (4,3 milliards d'euros) dans ses comptes du deuxième trimestre pour notamment indemniser les compagnies aériennes dont les livraisons de 737 MAX ont été suspendues.

La crise du 737 Max coûte plus de 8 milliards de dollars à Boeing

Le groupe américain n'a livré aucun 737 MAX depuis l'immobilisation en mars de l'appareil à la suite deux accidents qui ont fait 346 morts en Ethiopie et en Indonésieà cinq mois d'écart. Cette perte trimestrielle est la plus importante annoncée par le constructeur en dix ans : à ce stade, la crise du 737 MAX a coûté plus de 8 milliards de dollars à Boeing. Le groupe de Chicago s'est lancé dans une campagne destinée à rétablir la confiance dans son avion le plus vendu et s'est engagé à supprimer tout risque en reprogrammant le logiciel mis en causedans les deux accidents dans l'espoir d'obtenir une autorisation de remise en service des 737 MAX. Lors d'une conférence téléphonique, Dennis Muilenburg a déclaré à des analystes que le groupe envisageait de réduire sa production actuelle de 42 Boeing 737 par mois, voire de la suspendre le cas échéant.

Le groupe devait également expliquer aux investisseurs comment il comptait restaurer son image, endiguer ses pertes et apporter de plus amples informations sur le retard du Boeing 777X, dont le moteur conçu par GE doit être modifié. L'avionneur américain a repoussé à début 2020 le premier vol du 777X, initialement programmé au quatrième trimestre 2018. Boeing a déclaré mercredi qu'il publierait ultérieurement de nouvelles prévisions pour l'année, les objectifs actuels ne tenant pas compte de la crise du 737 MAX.

Les ventes du deuxième trimestre plongent à - 35 %

Sur le trimestre clos au 30 juin, la perte de Boeing s'est élevée à 2,94 milliards de dollars contre un bénéfice de 2,20 milliards de dollars un an plus tôt. Les ventes ont plongé de 35%à 15,75 milliards de dollars, sous le consensus qui était en moyenne de 18,55 milliards, selon les données IBES du spécialiste des données de marché Refinitiv. Le flux de trésorerie disponible est tombé à -1,01 milliard de dollars sur les trois mois à fin juin, premier trimestre complet depuis l'interdiction de vol du Max. Les analystes prévoyaient -2,9 milliards de dollars, toujours selon Refinitiv.

“Même si les résultats du deuxième trimestre dans leur ensemble semblent plutôt sombres, ils ne sont pas aussi mauvais que ce que nous avions prévu”, commente Robert Stallard, analyste chez Vertical Research Partners. Une vision bien positive d'un tableau d'ensemble plutôt sombre qui offre peu de perspectives de sortie de crise.