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Extrait:Les conclusions du dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) qui avaient fuité en début de semaine sont donc confirmés : la gestion des terres, la production agricole et l'alimentation doivent changer en profondeur si l'on veut réduire le réchauffement
Devant l'urgence climatique, le GIEC recommande de changer la gestion des terres et l'alimentation.Unsplash/Gregory Hayes
Les conclusions du dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) qui avaient fuité en début de semaine sont donc confirmés : la gestion des terres, la production agricole et l'alimentation doivent changer en profondeur si l'on veut réduire le réchauffement climatique. A défaut, la sécurité alimentaire, la santé et la biodiversité seront menacés. Ce rapport spécial, publié ce jeudi 8 août 2019 à Genève (Suisse), porte sur les liens entre les dérèglements climatiques, la désertification, la dégradation des sols, la gestion durable des terres et la sécurité alimentaire.
Le document d'une soixantaine de pages observe que la croissance démographique mondiale couplée à des mutations des habitudes alimentaires font peser une pression inédite sur les terres arables et les réserves d'eau. Les experts du GIEC ne préconisent pas l'arrêt, mais une réduction de la consommation de viande et une modification des régimes alimentaires. “Retarder le passage à l'action pourrait avoirpour conséquence des effets irréversibles sur certains écosystèmes, avec à long terme le risque de conduire à une augmentation considérable des émissions (de gaz à effet de serre) qui accélérerait le réchauffement climatique”, écrivent-ils.
25 à 30% de la production agricole perdue ou gâchée
L'agriculture, l'exploitation forestière et d'autres activités liées à l'utilisation de la terre représentent, sur la période 2007-2016, quelque 23% des émissions nettes de gaz à effet de serre liées à l'activité humaine. En y ajoutant les industries de transformation des aliments, cette part monte à 37%. “C'est un enchaînement désastreux : des terres limitées, une population humaine en expansion, le tout enveloppé dans lacouverture suffocante de l'urgence climatique”, commente Dave Reay, professeur spécialisé dans les techniques de gestion du carbone à l'université d'Edimbourg.
A l'échelle de la planète, la production d'huiles végétales et de viande par être humain a plus que doublé depuis 1961. Avec des écarts d'alimentation considérables selon les pays et des effets variables sur les populations : la planète compte 2 milliards de personnes en surpoids ou obèsesmais aussi 821 millions de personnes victimes de sous-nutrition. Par ailleurs, 25 à 30% de la production agricole est perdue ou gâchée. “C'est une crise dont nous sommes responsables mais c'est aussi une crise que nous pouvons résoudre si nous agissons maintenant”, a déclaré Reyes Tirado, scientifique rattaché au laboratoire de recherche de l'ONG Greenpeace à l'université d'Exeter.
Diminuer de 70 à 90% la consommation de viande dans certains pays d'Europe de l'Ouest ou d'Amérique du Nord
“Notre impact sans précédent sur les terres agricoles est dû en grande partie à l'expansion de l'agriculture industrielle et de la production de viande”, poursuit-il. Pour sortir de cette “surconsommation”, il appelle à réduire de 50% la consommation de viandedans nos alimentations “avec des baisses encore plus drastiques de l'ordre de 70 à 90% dans certains pays d'Europe de l'Ouest ou d'Amérique du Nord”. Cette transformation des productions agricoles permettrait également d'accroître la superficie des forêts, qui sont autant de “pièges” à carbone.
Le rapport souligne aussi que le réchauffement climatique par rapport à la période pré-industrielle est plus intense au-dessus des terres agricoles (+ 1,53°C contre + 0,87°C pour la température moyenne de la planète). Canicules, sécheresses ou précipitations intenses, dégradation et désertification: le réchauffement climatique risque de perturber la production agricole, de réduire les rendements et d'augmenter les cours. D'ici 2050, le prix des céréales devrait connaître une augmentation médiane de 7,6%, avec des conséquences immédiates sur la sécurité alimentaire des populations les plus pauvres. Des mesures urgentes sont donc à mettre en place selon le GIEC.
Le rapport du GIEC publié ce jeudi s'inscrit dans la préparation de la prochaine conférence sur le changement climatique qui se tiendra en décembre au Chili. La COP-25 est censée aboutir sur des moyens d'appliquer l'accord de Paris sur le climat de décembre 2015.
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